• Jul 16, 2025

L'Algérie en 2050 ? (script de ma vidéo YouTube sur le futur de l'Algérie).

  • Mehdi Leformateur

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INTRO (accroche + renvoi disclaimer)

Pour ceux qui se demandent pourquoi je parle de l’Algérie, j’ai tourné une vidéo d’introduction séparée pour expliquer la démarche et aussi remettre un peu les pendules à l’heure sur certains comportements dans les commentaires.

Si tu ne l’as pas vue, elle est en description et en fiche quelque part par ici.

Dans cette vidéo-cadre, j’explique d’où je parle, comment je travaille, et pourquoi j’ai besoin de vos retours terrain avant d’investir un euro.


RAPPEL IDENTITÉ & MÉTHODO

Je suis né à Colombes, en région parisienne.

Je suis Français, d’origine algérienne par mon grand-père né à Sidi Okba et par ma grand-mère originaire de Sétif.

Ma formation de base est en histoire-géographie.

J’ai ensuite complété par un Bac+6 en intelligence économique et stratégique.

J’ai travaillé trois ans comme analyste en intelligence économique pour le leader mondial de l’assurance, en France.

J’ai ensuite changé de vie et géré pendant près de dix ans des hôtels cinq étoiles en Arabie saoudite, au Qatar et au Bénin.

Donc oui, j’alterne entre analyse de données macro et retour de terrain très concret : budgets, équipes, réglementation, clients internationaux, risques pays.

C’est avec ce double regard – data + terrain – que je me penche aujourd’hui sur l’Algérie de 2050.

Et très important : je ne suis pas retourné en Algérie depuis 2005.

Ça fait vingt ans.

Je ne prétends donc pas connaître la réalité quotidienne actuelle.

Je m’appuie sur données publiques, bases professionnelles et comparaisons internationales, et je compte sur vous, qui vivez en Algérie ou qui y investissez déjà, pour compléter, corriger et enrichir.


SOURCES – COMMENT JE BOSSE

Quand je parle chiffres, j’essaie de m’appuyer sur trois familles de sources.

TradeMap : c’est l’interface en ligne du International Trade Centre (ITC, agence conjointe ONU et OMC) qui compile les statistiques douanières officielles pays par pays.

Ça permet de voir ce que l’Algérie importe, exporte, à quel volume, et comment ça évolue dans le temps.

S&P Global Market Intelligence (anciennement IHS Markit) : bases macro-sectorielles utilisées par les banques, industriels et assureurs pour suivre PIB, consommation d’énergie, commande publique, fret maritime, risques logistiques.

Fitch Solutions : filiale du groupe Fitch qui produit des notations de risque pays, sectoriels, projets, ainsi que des scénarios macro à moyen terme utilisés par les investisseurs institutionnels.

J’utilise aussi les bases FMI, Banque mondiale, ONU Population, IRENA pour l’énergie, et les grandes firmes d’audit pour la fiscalité.

Quand un chiffre n’est pas documenté, je te le dis.

Si tu surveilles ma chaîne, tu sais : pas de preuve, pas d’affirmation.


CONTEXTE DIASPORA : POURQUOI CETTE SÉRIE MAGHREB

Pourquoi parler de l’Algérie maintenant ?

Parce que je me pose la même question que beaucoup d’entre vous : où vivre heureux avec ma famille et où investir intelligemment dans les vingt prochaines années ?

Je peux investir en Algérie, au Maroc, en Tunisie, en Afrique de l’Ouest, dans le Golfe… rien n’est exclu.

La France reste mon pays le plus simple administrativement, mais n’est pas forcément le meilleur choix à long terme pour tout le monde.

On voit un climat politique qui se radicalise.

Le vote en faveur de l’extrême droite a fortement progressé : aux élections européennes 2024, la liste Rassemblement National a dépassé 30 % des suffrages exprimés au niveau national, devant toutes les autres formations. The GuardianLe Monde.fr

Dans le même temps, les signalements d’actes anti-musulmans enregistrés par le ministère de l’Intérieur ont augmenté sur la période récente ; plusieurs médias ont relayé une hausse en 2023 par rapport à 2022.

Beaucoup ressentent aussi une pression fiscale lourde : la France fait partie des pays développés où les prélèvements obligatoires rapportés au PIB sont les plus élevés, ce qui pèse sur les petits entrepreneurs (source : données fiscales OCDE synthétisées chaque année ; je détaillerai dans une vidéo dédiée fiscalité comparée).

À cela s’ajoutent une croissance molle, des tensions sur les services publics (santé, logement), et un sentiment d’insécurité dans certains territoires urbains – tout cela documenté dans les rapports statistiques officiels du ministère de l’Intérieur et de l’Insee, même si l’expérience varie énormément d’une région à l’autre.

Résultat : de plus en plus de Français regardent ailleurs, au moins pour un projet de vie ou d’investissement.

Au 1ᵉʳ janvier 2023, 1,68 million de Français étaient inscrits au registre consulaire des Français établis hors de France, en hausse de 4,2 % sur un an après la période Covid.

Le ministère estime qu’en réalité environ 2,5 millions de Français vivent à l’étranger si l’on inclut les non-inscrits. Le Petit Journal

La circonscription Maghreb + Afrique de l’Ouest regroupe près de 159 000 inscrits, et ce chiffre ne capture pas tous les binationaux qui ne se déclarent pas. Le Petit Journal

J’observe aussi – c’est un signal faible mais réel dans mon entourage – un intérêt croissant de Français musulmans diplômés ou entrepreneurs pour un retour partiel ou total vers le Maghreb : acquisition immobilière, scolarisation d’enfants, télétravail depuis Alger ou Casablanca, test d’activités touristiques ou agro.

Les données officielles sont fragmentaires, donc je ne tire pas de conclusion ; je te demande plutôt ton retour terrain si tu es concerné.


STRUCTURE DE LA VIDÉO

On va procéder en quatre grandes parties :

Partie 1 : Résilience, démographie, société.

Partie 2 : Capital humain, femmes, fuite des cerveaux et retour des talents.

Partie 3 : Économie réelle, classe moyenne, secteurs clés, fiscalité et modèles étrangers.

Partie 4 : Infrastructures, énergie, géopolitique, et la question incontournable du Maroc.

Puis une conclusion actionnable : comment préparer un projet d’investissement diaspora en Algérie d’ici 2050.

Prêt ?

On y va.


PARTIE 1 – RÉSILIENCE, DÉMOGRAPHIE, SOCIÉTÉ

L’Algérie a connu l’impensable dans les années 1990 : la « décennie noire », une guerre civile qui a fait environ 150 000 morts selon les estimations les plus citées.

Moins de dix ans après le pic de violence, l’État a rétabli la sécurité sur l’ensemble du territoire et engagé un processus de réconciliation qui, malgré ses limites, a permis la reprise d’une vie économique et sociale normale dans la majorité des wilayas.

Pour situer : la Colombie a mis plus d’un demi-siècle à sortir de son conflit interne armé, avec un bilan humain estimé à plus de 220 000 morts.

La Somalie reste en guerre civile ouverte depuis 1991.

Cette capacité de rebond – absorber un choc extrême et reconstruire – fait partie du code génétique algérien et compte quand on parle horizon 2050.


Bonus démographique sous conditions

Dans les années 1970, la fécondité dépassait 7 enfants par femme en Algérie.

Aujourd’hui, on est autour de 2,5-2,7 enfants par femme selon les séries ONU et estimations nationales récentes.

C’est une transition rapide et largement volontaire : baisse de la taille des familles parce qu’on investit plus dans chaque enfant, éducation féminine, urbanisation.

Résultat : l’Algérie évite pour l’instant le vieillissement brutal qui frappe l’Europe où les taux tournent autour de 1,8 en France et sont plus bas encore en Espagne et en Italie.

Cela ouvre une fenêtre de « dividende démographique » : une part active plus large, moins d’enfants à charge par ménage, potentiel de montée en compétence.

Mais la fenêtre n’est qu’une opportunité : si l’économie ne crée pas assez d’emplois qualifiés, la fécondité peut glisser sous le seuil de remplacement, et le pays basculer plus tard dans un vieillissement accéléré sans s’être enrichi – scénario déjà visible en Corée du Sud ou en Europe de l’Est.

Donc, emploi productif + revenus décents maintenant = démographie soutenable demain.


PARTIE 2 – CAPITAL HUMAIN, FEMMES, FUITES & RETOURS

L’Algérie n’est pas qu’une rente gazière : c’est une population jeune et éduquée.

Dans les universités, les étudiantes sont majoritaires dans de nombreuses filières ; plusieurs estimations les placent au-delà de 60 % des effectifs dans l’enseignement supérieur.

La question n’est pas « faut-il que les femmes travaillent ? » mais « comment organiser l’économie et la vie familiale pour ne pas gaspiller la moitié des talents du pays ? »

Le modèle français n’est pas directement transposable : hyper-individualisme, taux de divorce élevé, natalité qui tient mais sous tension, coût du logement, rythme de travail éclaté.

Le modèle du Golfe n’est pas transposable non plus : dépendance lourde à la main-d’œuvre étrangère et segmentation sociale.

Regardons plutôt les pays nordiques qui ont mis en place crèches abordables, congés parentaux partagés, horaires flexibles et droits sociaux individuels : ils ont réussi à combiner haut taux d’activité féminine et natalité moins effondrée que dans l’Europe du Sud.

L’Algérie peut inventer sa voie : respecter la centralité de la famille, protéger la maternité, reconnaître la valeur du travail domestique, et permettre aux femmes diplômées de poursuivre une carrière s’elles le souhaitent.

Rappelons que les femmes ont toujours été visibles dans l’histoire de la région : la Kahina, les résistantes de la guerre d’indépendance, les médecins et enseignantes d’aujourd’hui.


Fuite des cerveaux : diagnostic

On estime que plus de 15 000 médecins formés en Algérie exercent aujourd’hui en France ; les chiffres exacts varient selon les sources ordinales et le statut (équivalence totale, partielle, contrats temporaires), mais l’ordre de grandeur est préoccupant.

Le phénomène touche aussi les ingénieurs IT partis au Canada ou en Europe, les chercheurs qui migrent vers le Golfe, et les techniciens supérieurs recrutés en sous-traitance industrielle.

Pourquoi part-on ?

Salaires insuffisants, équipements hospitaliers incomplets, lenteurs administratives, manque de perspectives de carrière et – pour les entrepreneurs tech – une bureaucratie lourde et une culture du risque limitée.


Fuite des cerveaux : comparer et agir

La Chine a connu dans les années 1990 une hémorragie similaire : plus de deux tiers des étudiants partis à l’étranger ne revenaient pas.

Elle a lancé des programmes incitatifs massifs (dont « Thousand Talents ») : labos équipés, primes de retour, financements de recherche, fast-track administratif ; le taux de retour a progressivement augmenté.

La Corée du Sud a fait la même chose dans le supérieur avec Brain Korea 21 : un programme national de financement ciblé pour attirer et retenir doctorants et chercheurs, moderniser les universités et relier recherche et industrie ; résultat, montée en gamme spectaculaire de l’écosystème universitaire coréen en deux décennies.

Adaptation algérienne possible : un programme « Brain Algeria » dédié aux spécialités en tension (médecine, ingénierie process, IA, agro-désert), primes de retour pluriannuelles, labos clés en main en partenariat avec la diaspora, et clauses de service public modulables.


Salaires médicaux : repères comparés prudents

Pour comprendre pourquoi un jeune médecin algérien regarde ailleurs, comparons des ordres de grandeur (toutes monnaies converties, arrondies, hors gardes et primes variables ; données publiques + presse spécialisée ; confirme toujours localement).

En Tunisie, plusieurs représentants du corps médical ont dénoncé des rémunérations de base autour de 1 000 dinars tunisiens mensuels dans le secteur public pour des médecins généralistes, soit environ 300 € selon les taux de change du moment ; les spécialistes peuvent cumuler davantage via gardes et activité privée, mais la base reste jugée insuffisante et pousse à l’émigration. Leconomiste Maghrebin

En France, un spécialiste hospitalier à plein temps atteint rapidement plusieurs milliers d’euros nets mensuels selon ancienneté ; la rémunération libérale peut être très supérieure mais dépend de l’activité. Leconomiste Maghrebin

Je n’avance pas de chiffre fixe pour l’Algérie faute de grille consolidée récente vérifiée ; si tu es médecin en Algérie, merci de donner fourchette brut / net, public / privé, prime zone, pour clarifier.


Comment financer des rémunérations attractives sans hyper-inflation

Trois leviers existent et peuvent être combinés.

Premièrement, cibler : revaloriser d’abord les spécialités critiques (anesthésie, réanimation, cardiologie, néphro, ingénierie hospitalière) plutôt qu’augmenter tout le monde uniformément.

Deuxièmement, lier primes à performance et à service dans les régions sous-dotées : un spécialiste acceptant cinq ans dans le Sud reçoit prime logement + crédit subventionné + abattement fiscal temporaire.

Troisièmement, mobiliser des financements extrabudgétaires : partenariats internationaux (Union européenne santé transfrontalière, financements Banque mondiale santé primaire), et pourquoi pas un fonds dédié alimenté par une fraction de la rente gazière ou par les contributions de la diaspora sous forme d’obligations médicales (modèle inspiré des diaspora bonds indiens et israéliens).


PARTIE 3 – ÉCONOMIE, CLASSE MOYENNE, SECTEURS, FISCALITÉ

Passons maintenant à l’économie réelle et à la question clé : comment construire une classe moyenne algérienne solide d’ici 2050.

Pourquoi c’est central ?

Parce que ce sont les classes moyennes qui consomment, investissent, payent l’impôt, soutiennent les systèmes de santé et d’éducation, et stabilisent la politique.


Niveau de vie et pauvreté : où en est-on

L’Algérie a fortement réduit la pauvreté extrême monétaire au cours des décennies passées grâce aux subventions et transferts publics, mais des disparités régionales persistent entre littoral, hauts plateaux et Sud saharien.

Le défi n’est pas seulement de réduire la pauvreté résiduelle mais d’augmenter le revenu disponible d’une majorité de ménages pour soutenir l’investissement domestique.


Classe moyenne : leviers concrets

Création d’emplois stables hors hydrocarbures : industrie agroalimentaire, matériaux de construction, mécanique légère, services numériques.

Accès au crédit logement et PME : la classe moyenne se construit quand les ménages peuvent acheter, rénover, agrandir, et quand les petits entrepreneurs financent leurs stocks et équipements.

Développement d’une assurance santé et retraite complémentaire abordable : épargne longue + stabilisation des dépenses catastrophiques de santé = pouvoir d’achat plus prévisible.

Indexation progressive des salaires publics sur productivité réelle du pays pour éviter l’effet rente et l’inflation salariale déconnectée.


Benchmarks classe moyenne

Turquie années 1980-2000 : ouverture, industrialisation exportatrice, accès massif au crédit à la consommation et au logement → explosion de la classe moyenne urbaine.

Maroc années 2000-2020 : montée en gamme agroexport, automobile, aéronautique, micro-crédit rural → élargissement de la couche intermédiaire même si inégalités persistent.

Arabie saoudite post-2016 (Vision 2030) : salaires publics confortables réalloués, privatisations partielles, programmes logement et PME → émergence de ménages urbains consommateurs.

Leçon : il faut combinaison industrie + finance + logement + politique publique cohérente sur 15-20 ans.


Entrepreneuriat : du cas Yassir à l’effet d’écosystème

On cite souvent Yassir, la super-app lancée en 2017 en Algérie, mobilité + livraison + paiement, qui a levé 150 millions de dollars en série B en 2022 et s’est étendue au Maghreb, en France et au Canada.

Ce succès prouve qu’on peut lever des capitaux internationaux depuis un marché maghrébin même dans un environnement administratif complexe et peu habitué aux start-ups technologiques.

D’autres entreprises algériennes se développent à l’export ou en région : l’agro-transformation (pâtes, dattes conditionnées, conserves), le ciment et les matériaux (l’Algérie est devenue exportatrice nette de ciment après avoir investi massivement dans ses cimenteries), la sidérurgie avec Tosyali Algérie qui exporte des produits acier, et les engrais issus de la transformation du gaz naturel (ammoniac, urée) qui représentent désormais une large part des exportations hors hydrocarbures.

Ces cas montrent que compétence industrielle + énergie disponible + marché intérieur large = base export possible.


Climat des affaires : où sont les bouchons

Création d’entreprise encore lourde, multiplicité d’autorisations, régime de changes encadré, lenteurs bancaires, culture administrative peu orientée client.

Classement Doing Business 2020 plaçait l’Algérie loin derrière certains voisins plus réformistes.

Mais des réformes sont engagées : digitalisation progressive des procédures, assouplissement de la règle 51/49 dans plusieurs secteurs, et guichets pour start-ups.


Modèles étrangers utiles

Rwanda : guichet unique, enregistrement société <48h, digitalisation, lutte anticorruption → bond massif dans les classements internationaux.

Estonie : identité numérique, signature électronique légale, fiscalité entièrement déclarable en ligne → coûts de conformité extrêmement bas pour les PME ; modèle inspirant pour la e-administration algérienne.

Hongrie : impôt sur les sociétés à taux unique bas (9 %) pour attirer capitaux ; pas transposable tel quel, mais illustre l’effet d’un signal fiscal simple et lisible.

Maroc : zones franches (Tanger Med) avec régime fiscal transitoire + infrastructures portuaires et logistiques world-class → attraction massive d’industriels auto et aéronautique.


Fiscalité entreprise algérienne : décodeur express

Quelques acronymes reviennent souvent et brouillent les cartes.

IBS = Impôt sur les Bénéfices des Sociétés (équivalent de l’impôt sur les sociétés).

Taux nominaux (dernière grille publiée dans les guides fiscaux internationaux ; vérifie toujours l’actualité de la loi de finances) : 19 % pour les activités de production de biens, 23 % pour la construction et le tourisme, 26 % pour les autres activités, avec un taux réduit de 10 % sur bénéfices réinvestis sous conditions.

TAP = Taxe sur l’Activité Professionnelle (taxe locale sur le chiffre d’affaires ou la valeur locative selon activité) ; certaines réformes récentes ont modifié ou remplacé des composantes locales, et un prélèvement de solidarité locale peut s’appliquer en lieu et place selon la structure (voir dernière loi de finances).

Au-delà des taux, il existe des régimes incitatifs approuvés par l’agence d’investissement (ex-ANDI, devenue AAPI) : exonération d’IBS et de TAP pendant la phase de réalisation du projet, puis exonération de 3 à 5 ans après entrée en exploitation, portée jusqu’à 10 ans dans les zones à promouvoir ou pour projets structurants.

Toujours valider auprès d’un fiscaliste local ou d’un cabinet international avant de t’engager, les textes évoluent et les décrets d’application conditionnent l’accès réel aux avantages.


Agriculture & sécurité alimentaire

L’Algérie importe encore une grande part de ses céréales, en particulier le blé tendre panifiable.

Les consommations nationales tournent autour de plusieurs millions de tonnes par an, avec une dépendance extérieure importante liée à la culture massive du pain subventionné.

Les rendements moyens nationaux restent faibles – autour d’une à deux tonnes par hectare selon les années – mais les projets d’agriculture irriguée dans le Sud saharien montrent des rendements de 5 à 6 tonnes par hectare sous pivot quand l’eau et la logistique sont maîtrisées.

Objectif stratégique : réduire la dépendance en blé tendre, atteindre ou dépasser l’autosuffisance en blé dur, développer les oléagineux, relancer betterave sucrière, sécuriser poudre de lait, et réduire le gaspillage via stockage et chaîne du froid.

Benchmark : Égypte « Nouveau Delta » et Arabie saoudite fermes pivots montrent qu’un pays aride peut sécuriser une part de ses intrants stratégiques si l’énergie et l’eau sont disponibles.


Industrie : du tout-import au « Made in Algeria »

Pendant des années, la rente hydrocarbures a financé des importations massives de biens finis.

Depuis les chocs pétroliers récents, la stratégie change : substitution, transformation locale, export régional.

Sectors déjà en mouvement : ciment (autosuffisance + export), acier (Tosyali, Bellara), engrais à base de gaz (ammoniac, urée), montage automobile (Fiat, d’autres marques en rampe), électroménager assemblé localement, et projets pétrochimiques (propylène, plastiques techniques).

Le gisement de fer de Gara Djebilet ouvre une perspective sidérurgique intégrée si l’infrastructure ferroviaire et énergétique suit.

Benchmark : Turquie post-1980 – industrialisation progressive, montée des fournisseurs locaux, intégration aux chaînes européennes – montre qu’un pays périphérique peut devenir atelier régional en deux générations si logistique + politique stable.


Culture, patrimoine, tourisme : un potentiel sous-exploité

L’Algérie possède un patrimoine archéologique romain classé mondialement : Tipaza sur la côte, Timgad (la « Pompéi de l’Afrique du Nord ») dans les Aurès, Djemila au nord-est – trois sites UNESCO qui, bien valorisés, pourraient attirer un tourisme culturel international de niche à haute valeur.

Ajoutons la Casbah d’Alger, autre site UNESCO, aujourd’hui en réhabilitation progressive mais encore largement sous-monétisé.

Et bien sûr le Sahara : Tassili n’Ajjer, Hoggar, oasis sahariennes, dunes, pictogrammes préhistoriques – un trésor absolu pour le tourisme d’aventure, encore limité par les questions de transport, de sécurité et de normes d’hébergement.

Benchmark : la Jordanie a bâti une industrie globale autour de Petra ; le Maroc autour de Marrakech + désert ; l’Algérie peut développer un modèle plus discret mais qualitatif, articulé avec la diaspora et le tourisme religieux ou mémoriel (route Saint-Augustin, mémoire guerre d’indépendance, saints soufis).


PARTIE 4 – INFRASTRUCTURES, ÉNERGIE, GÉOPOLITIQUE & MAROC

Les infrastructures lourdes déterminent la compétitivité réelle à l’export.


Port en eaux profondes d’El Hamdania (Cherchell)

Projet clé : un port en eaux profondes à El Hamdania, à une centaine de kilomètres d’Alger, dimensionné pour accueillir les grands porte-conteneurs océaniques sans transbordement par Tanger ou Algésiras.

Des chiffres circulent autour d’une capacité cible de l’ordre de plusieurs millions d’EVP annuels et d’une zone logistique de grande taille ; le projet est porté en partenariat avec des acteurs chinois dans le cadre plus large des nouvelles routes de la soie.

S’il se concrétise avec productivité et digitalisation douanière, El Hamdania peut devenir l’équivalent algérien de Tanger Med et désenclaver l’industrie nationale.


Rail rapide : fantasme ou trajectoire

L’idée d’un axe ferroviaire rapide Est-Ouest reliant Oran, Alger, Constantine, Annaba revient régulièrement.

On ne parle pas encore de TGV à la française en exploitation, mais des programmes de modernisation et de doublement de voies existent, et certains tronçons sont électrifiés.

Benchmarks : le Maroc a prouvé avec Al Boraq (Tanger-Casablanca) qu’un projet grande vitesse peut être livré en Afrique du Nord avec partenaires étrangers et financement mixte ; l’Espagne a exporté son savoir-faire ferroviaire ; la Chine construit des milliers de kilomètres à grande vitesse.

Scénario 2050 : même sans 320 km/h partout, un rail moderne à 200 km/h moyen réduirait drastiquement les temps inter-villes et unifierait le marché intérieur.


Connectivité Sahara-Sahel

La route Transsaharienne Alger-Lagos, en travaux depuis des décennies, reste un chantier stratégique : connecter la Méditerranée aux marchés enclavés du Sahel et du Golfe de Guinée.

Un corridor logistique complet port + rail + route + douanes intégrées ferait de l’Algérie une interface majeure entre Europe et Afrique subsaharienne francophone.


Énergie & transition

L’Algérie dispose d’un héritage gazier immense, base de sa stabilité macro.

Le défi 2050 : transformer l’énergie en diversification, pas en dépendance.

Objectifs annoncés sur le solaire : programmes multipliés, dont TAFOUK1, et cibles cumulées de plusieurs dizaines de gigawatts de renouvelables à l’horizon 2030-2040 ; des appels d’offres régionaux dans le Golfe ont déjà vu des prix inférieurs à 0,02-0,03 € par kWh, ce qui donne un ordre d’idée du coût marginal théorique du solaire à grande échelle sous bon financement (réf. IRENA et PPA MENA ; je détaillerai chiffres actualisés dans la description).

Pour comparer : en Europe de l’Ouest, le prix moyen payé par les ménages sur facture électrique oscille autour de 0,20-0,30 € par kWh TTC selon pays et taxes ; même si les coûts de réseau diffèrent, l’écart potentiel de coût de production est énorme.

Mix cible 2050 réaliste : forte composante solaire + gaz flexible + un peu d’hydraulique + éolien de niche + débat ouvert sur l’entrée du nucléaire civil (l’Algérie dispose déjà de réacteurs de recherche modestes et pourrait, si elle le souhaite, nouer un partenariat type Égypte-Rosatom ou EAU-KEPCO dans le futur).

Hydrogène vert : plusieurs mémorandums d’entente ont été signés ou discutés avec des acteurs européens intéressés par un corridor sud-nord ; tant que les coûts d’électrolyse baissent et que la certification carbone se clarifie, c’est une option stratégique à garder ouverte.


Fonds souverain : état des lieux

L’Algérie avait institué un Fonds de Régulation des Recettes (FRR) pour lisser la rente hydrocarbures ; ce fonds a été largement utilisé puis épuisé quand les prix du pétrole ont baissé.

Il existe un Fonds National d’Investissement (FNI) qui intervient en capital dans certains projets stratégiques, mais on n’est pas sur un fonds souverain de type Norvège ou Golfe massivement capitalisé.

Des réflexions reviennent régulièrement sur la création ou la recapitalisation d’un véhicule souverain d’investissement alimenté par les excédents de Sonatrach pour financer diversification, infrastructures et transition énergétique ; surveille les lois de finances récentes pour savoir si un mécanisme récurrent se met en place.


Géopolitique : équilibre subtil entre partenaires

L’Algérie est un acteur à part : héritage du non-alignement, forte mémoire anticoloniale, coopération historique avec la Russie, liens énergétiques et migratoires avec l’Europe, ouverture vers la Chine via les Nouvelles Routes de la Soie, et intérêt déclaré pour les BRICS.

Elle a officiellement candidaté à une adhésion BRICS en 2022 et a rejoint la Banque de Développement des BRICS (NDB) comme actionnaire en 2023, signe qu’elle explore les options multipolaires.

Dans le même temps, elle ne tourne pas le dos à la France ni à l’Union européenne parce que les flux commerciaux, technologiques et humains restent massifs ; elle renforce aussi les liens gaziers avec l’Italie et d’autres partenaires européens.

Les États-Unis observent avec attention toute extension d’influence russe ou chinoise en Méditerranée ; l’Algérie devra donc naviguer finement pour préserver son autonomie stratégique sans se couper de ses marchés.


Le dossier Maroc – incontournable

Aucun scénario d’Algérie puissance régionale en 2050 ne peut ignorer la relation avec le Maroc.

Les deux pays se tournent le dos diplomatiquement depuis des années ; la frontière terrestre reste fermée depuis 1994 ; la question du Sahara occidental est centrale.

Or, une normalisation progressive – même limitée – libérerait un marché maghrébin de près de 100 millions d’habitants, permettrait de mutualiser des infrastructures (gazoducs, rail, tourisme circulaire), et réduirait les dépenses d’armement croisées.

Benchmark historique : France-Allemagne après 1945 – trois guerres en 70 ans, puis rapprochement économique, puis intégration européenne ; impensable jusqu’au jour où c’est devenu évident.

Je ne prédis pas un calendrier ni un accord ; je dis simplement que la trajectoire haute pour l’Algérie comme pour le Maroc passe, tôt ou tard, par une forme d’accommodement.


CONCLUSION – CHECK-LIST INVESTISSEUR DIASPORA & APPEL À TÉMOIGNAGES

On a posé le décor macro.

Qu’est-ce que tu peux faire maintenant, concrètement, si tu es de la diaspora et que tu réfléchis à l’Algérie horizon 2050 ?

Première étape : clarifie ton but – vivre, investir locatif, entreprendre productif, lancer une structure sociale, ou préparer la retraite.

Deuxième étape : vérifie le cadre légal actuel – propriété foncière pour binationaux, transferts de capitaux, régimes IBS / TAP, exonérations AAPI – avec un expert fiscal local.

Troisième étape : collecte de données terrain – prix du foncier dans ta wilaya cible, délais bancaires pour transferts, coût de raccordement eau / électricité, recrutement local, charges sociales.

Quatrième étape : benchmark ton projet – existe-t-il déjà une offre équivalente au Maroc, en Tunisie, en Turquie, en Arabie saoudite ?

Cinquième étape : plan de sortie – comment récupérer ton capital, comment protéger tes héritiers multi-nationaux, comment arbitrer fiscalement entre France et Algérie.


Besoin de vos données terrain

Si tu vis à Annaba, Oran, El-Oued, Tamanrasset, Sétif, Alger ou ailleurs :

Donne les délais réels d’ouverture de compte entreprise.

Donne le prix moyen au mètre carré urbain et agricole.

Donne ton expérience douane pour importer une machine ou des matériaux.

Donne ton coût d’énergie réel et la fiabilité de l’approvisionnement.

Tes données concrètes, c’est la pièce manquante qui transforme une étude prospective en plan opérationnel.

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